AFP: Jacques Attali exhorte les parlementaires à dire "la vérité" aux Français :
Quatre jours après avoir remis un rapport très critiqué sur la croissance à Nicolas Sarkozy, Jacques Attali a exhorté mardi les députés à dire "la vérité" aux Français sur l'effort à accomplir pour "éviter que notre pays ne soit largué".
"L'opinion publique n'est pas assez préparée à cet effort et vous ne lui dites pas assez la réalité de ce qu'il faut accomplir pendant trois ans", a lancé l'ancien sherpa de François Mitterrand devant les commissions des Affaires économiques et des Affaires européennes de l'Assemblée.
"Et quand ils entendent ce que vous dites de nous, ça leur donne le sentiment que ceux qui parlent sérieusement sont des menteurs", a-t-il amèrement reproché aux parlementaires.
La "commission pour la libération de la croissance française" qu'il préside a proposé vendredi au chef de l'Etat un programme sur dix ans pour réduire drastiquement la dette publique et favoriser l'emploi, s'attirant de vives critiques.
Le PS a proclamé son "opposition totale" à ses propositions, le PCF y a vu des "bouffées ultralibérales délirantes", le Premier ministre François Fillon a rejeté toute augmentation de la TVA, la secrétaire d'Etat à la Famille Nadine Morano a exclu de soumettre les allocations familiales à des conditions de ressources.
Fustigeant tout particulièrement les "propos insultants" du porte-parole du PS Benoît Hamon, M. Attali a estimé que "si ce pays continue comme cela, en 2020, il sera largué, en faillite en termes de dette publique, d'emploi et de compétitivité".
Il faut "allumer d'urgence quatre moteurs de croissance durable" -l'école, l'emploi, l'investissement et le désendettement-, a-t-il de nouveau plaidé, tout en se défendant de préconiser une "cure d'austérité épouvantable".
Rappelant que sa commission avait chiffré à 75 milliards d'euros le montant des économies ou des hausses d'impôts à réaliser de 2011 à 2013 pour ramener le déficit public sous les 3% du PIB d'ici là, M. Attali a déploré que "dans ce pays, personne ne veut diminuer les prestations et personne ne veut augmenter les impôts, ce qui se traduit par plus de dette".